Canton 2006- Qongching, je suis promoteur immobilier canadien!

La vie continue…et je trouve encore un autre travail! Je donne des cours de français à 4 personnes, adultes, cette fois-ci. Celui-ci ne va pas durer longtemps, pensant que ce serait très facile (après avoir donné des cours d’anglais), j’y vais les mains dans les poches, sans être préparé, alors je n'ai pas été très bon. Je ne savais vraiment pas par quel bout commencer! Ils m’ont payé 150 kuai, et le billet de 50 qu’ils m’ont donné était faux! Je n'ai pas le reflexe de vérifier, alors que tous les chinois vérifient! Pas tout le temps pour les 50, mais dès que c’est un gros billet, soit 100 kuai (10 euros) ils vérifient à chaque fois. Il y a pas mal de critères : le bruit quand on le froisse, on peut voir la somme écrite dans un coin si on regarde le billet d’un certain angle…Bref, ce cours m’a surtout permis de rencontrer une fille (une de mes élèves) qui travaille pour une compagnie qui aide les Chinois à immigrer au Canada. Elle m’a demandé un service : faire un discours aux futures immigrants (environ 50 personnes) sur mon expérience au Canada dans la ville de Chongqing, au centre de la Chine, à deux heures d’avion de Guangzhou, la ville la plus peuplée du monde, 30 millions d’habitants! Ils me paient le billets d’avion, une nuit à l’hotel et me donnent 70 euros, j’ai donc immédiatement accepté! Mais lorsque j’ai rencontré son boss pour avoir plus d’information, il m’a dit que mon discours devait concerner l’immobilier au Canada, et je devais me faire passer pour un agent de 30 ans qui travaille dans le Real estate au Canada depuis cinq ans! Ce sont tellement des menteurs ces chinois…Ils n’ont aucun scrupule à présenter quelqu’un devant leur clients qui est un imposteur et qui ne connaît rien à ce sujet! Il m’a envoyé un document Word de six pages écrit tout petit la veille de partir dans la soirée. Qu' est ce que je suis sensé faire moi, avec ce truc? C’est illisible et beaucoup trop long…Je pars le lendemain à six heures du matin, je n’ai pas le temps! La seul solution est de préparer un Power-Point dans l’avion. Je le finis de justesse. Et voilà, l’imposteur est prêt à jouer un nouveau rôle!

Sur place, je rencontre deux québécois qui font un discours aussi : ils étaient tous les deux avocats, et ça c’était vrai…Ils se sont d’ailleurs très vite rendu compte, eux, de mon faux rôle. Car les Chinois n’ont vraiment rien vu et tant mieux! Mais je ne faisais quand même pas le malin, et heureusement qu’il y avait une interprète qui traduisait mes propos en direct en Chinois, ça me laissait le temps de penser à la prochaine phrase, ça m’a vraiment sauvé. J’ai donc sympathisé avec ces deux québecois , et en parlant avec eux je me suis rendu compte à quel point ce business d’immigration est pourri : en fait, le chinois veulent seulement obtenir une résidence permanente, sans aller vivre dans le pays! Les raisons : prestige, que les enfant aient le droit d’étudier au Canada, avoir un plan de back up si les affaires vont mal en Chine et pouvoir passer les frontières sans visa. Les raisons sont toutes autre que celle de vouloir vraiment s’installer dans le pays! Bref, autant dire que c’est réservé aux riches, dans la mesure où il faut investir un minimum de 120 000 dollars au Canada pour avoir ce droit. D’après les statistiques, seulement 5% des demandeurs vont réellement vivre au Canada! Dans l’histoire, les agences empochent 40 000 dollars pour chaque dossier et les courtiers qui placent cet argent au Canada s’en mettent aussi plein les poches. Beaucoup de pays se battent pour ces «pseudo-immigrants» : Australie, Etats-Unis…C’est un bon moyen d’enrichir le pays!

C’est assez difficile à décrire comme idée, je n’ai moi-même pas compris tous les rouages de ce business. Mais l’idée générale est la suivante : donner aux riches chinois une résidence permanente, et ainsi le prestige parmi les leurs dans le but de les faire investir au Canada. Cette petite parenthèse économique n’intéresse sûrement pas tout le monde, mais j’avais à cœur d’en parler…!

À part ça, l’hôtel était très classe, un grande chambre pour moi tout seul, on m’a payé un restaurant sur un bateau où j’ai assisté à un truc assez horrible : ils mélangeaient le vin avec du Sprite, j’ai dû me retenir très fort de ne pas faire de remarque. Après tout, il n' est pas bon, et chacun sa culture! Ils m’ont même offert un cadeau : un peigne et un miroir chinois…C’est ça d’être un agent immobilier: j’étais un véritable «Jia bin», ce qui veut dire invité d’honneur en chinois.

Regardez un bref extrait de mon discours...